BRUXELLES, 21 avril (Reuters) – L’Union européenne a conclu, tôt mercredi matin, un accord historique sur une loi relative au changement climatique qui fixe de nouveaux objectifs plus stricts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, au cœur de toutes les politiques de l’UE.
Cet accord intervient juste à temps pour un sommet des dirigeants mondiaux organisé par le gouvernement américain jeudi et vendredi, où l’UE et d’autres grandes puissances mondiales présenteront leurs engagements pour protéger la planète.
La loi climatique européenne guidera les réglementations du bloc dans les décennies à venir. Elle prévoit de réduire les émissions nettes d’au moins 55 % d’ici la fin de la décennie par rapport aux niveaux de 1990 – un objectif inférieur aux 60 % souhaités par le Parlement européen – afin de progresser vers la neutralité carbone d’ici 2050.
Adoptée à l’échelle mondiale, la trajectoire vers la neutralité carbone en 2050 permettrait de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et d’éviter les pires effets du changement climatique.
Après des mois de tractations et une nuit entière de négociations depuis mardi, les négociateurs représentant le Parlement européen et les 27 gouvernements de l’UE ont finalisé la loi. L’accord doit encore recevoir l’approbation formelle du Parlement et des gouvernements nationaux.
« C’est un moment historique pour l’UE », a déclaré Frans Timmermans, le chef de la politique climatique du bloc, dans un communiqué. « L’accord d’aujourd’hui renforce également notre position mondiale de leader dans la lutte contre la crise climatique. »
Une poignée de pays, dont le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande, ont déjà inscrit dans la loi des objectifs de neutralité carbone, mais l’UE à 27 est le plus grand émetteur à le faire.
L’objectif de réduire les émissions nettes de l’UE d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 remplace l’objectif précédent d’une réduction d’au moins 40 %. En 2019, les émissions de l’UE étaient déjà inférieures de 24 % à celles de 1990.
Les parlementaires européens voulaient aller plus loin, à 60 % d’ici 2030. Les militants écologistes estiment que la réduction devrait être de 65 %.
« Je suis satisfait aujourd’hui », a déclaré la sociale-démocrate suédoise Jytte Guteland, négociatrice en chef du Parlement européen. « La chose la plus importante était de veiller à ce que la science soit mieux intégrée dans la loi européenne. »
Le député écologiste Michael Bloss a affirmé que Bruxelles avait sacrifié de l’ambition pour parvenir à un accord à temps pour le sommet américain.
L’objectif pour 2030 prépare le terrain pour un vaste ensemble de réglementations de l’UE attendu en juin afin de réduire les émissions, comprenant des propositions pour réformer le marché du carbone européen, durcir les normes de CO2 pour les voitures et instaurer une taxe aux frontières pour imposer un coût carbone aux importations de produits polluants.
Les négociateurs ont convenu de limiter la quantité de suppressions d’émissions pouvant être prises en compte dans l’objectif 2030, à 225 millions de tonnes équivalent CO2.
L’objectif est de s’assurer que la réduction provienne principalement des secteurs polluants, plutôt que de se reposer sur l’absorption ou le retrait du CO2 de l’atmosphère par les forêts absorbant le carbone.
La loi oblige également Bruxelles à créer un organisme indépendant d’experts scientifiques pour conseiller sur les politiques climatiques, ainsi qu’un budget carbone précisant le total des émissions que l’UE pourra produire de 2030 à 2050, sans compromettre ses objectifs climatiques.